16                                             REGISTRES DU BUREAU                                       [i568]
XXIX. — Pour les xiiii0 xl* livres.
16 mars 1568. (Fol. 70 r°).
Du xvi"" jour de Mars m vc lxviii.
doier les reytres almans et tous autres estrangers, ct pareillement la gendarmerie et gens de pied fran­çois, pour les licentier et descharger les villes et plat païs de la foulle desd, gens de guerre, les priant de par Sad. Majesté et de par nous se esvertuer à se­courir promptement d'argent monnoie, vaisselle d'argent, chesnes d'or el toutes autres sortes qu'il leur sera possible, leur declarant que de ce qu'ilz fourniront leur sera assigné rente. Et où ilz ne vouldront fournir, vous leur déclarerez qu'il sera contre eulx proceddé, comme Sa Majesté verra estre à faire. Faict led. jour et an.r,
« De par les Prevost des Marchans et Eschevins de la Ville de Paris.
"Philbert Bourlon, Quartenier de lad. Ville, as­semblez incontinant voz cinquanteniers et dixiniers de vostre quartier, ct les envoiez en toutes les mai­sons de chascune desd, dixaines, et faictes entendre aux habitans de ceste Ville demeurans en vostredict quartier la necessité des affaires du Roy, et que be­soing est recouvrer promptement la somme de qua­torze cens quarente mil livres tournois pour soul-
XXX. — Pont Nostre-Dame; vente de biens
16 mars i568. (Fol. 70 r°.)
"ll est ordonné que les meubles estans en la mai­son des Trois Couronnes assizes sur le pont Nostre-Dame seront venduz et delivrez au plus offrant et dernier encherisseur, en la maniere acoustumée, à la requeste du Procureur du Roy et de la Ville ; et les deniers provenans de lad. venle seront baillez au
Recepveur de ladicte Ville pour le louaige de lad. maison, jusques à la concurance de ce qui lui pour­roit [estre] deu; et le surplus des deniers seront mis entre les mains du Recepveur du domaine du Roy'1'.
"Faict led. jour et an.15
'1J On peut s'étonner de cette exécution faite quelques jours seulement avant la signature de la pajx. Par lettres du 19 novembre 1567, commission avait été donnée aux Prévôt des Marchands et Echevins "de rebailler à louaige les maisons du Pont Nostre Dame... estans vuidés, fermées et catenassées par l'absence des locatairesn qui avaient dû quitter la ville depuis le commencement des troubles, et de vendre à l'encan les meubles qui y avaient été laissés. Cette mesure ne paraissait devoir étre appliquée qu'à l'égard de ceux qui avaient pris Ies armes contre le Roi ; mais il était fort difficile de savoir à quoi s'en tenir à ce sujet, l'ordre ayant été donné indistinctement à toutes les personnes suspectes de sympathie pour la nouvelle doctrine de sortir de Paris et de n'y point rentrer tant que durerait la guerre civile. La plupart des fugitifs attendaient paisiblement la fin des troubles dans les localités où ils s'étaient retirés; quelques-uns seulement étaient allés grossir les rangs de l'armée du prince de Condé. Le Bureau de la Ville ne pouvait ni ne voulait agir sans informations préalables, et comme il lui était presque impossible d'obtenir des renseignements positifs, l'ordon­nance du 19 novembre avait à peine reçu un commencement d'exécution. Le 28 janvier, de nouvelles lettres enjoignirent aux Prévôt des Marchands et Echevins de procéder aux nouveaux baux de toutes les maisons abandonnées, sans chercher à établir de distinctions. «Ne voullans lesd, maisons demourer plus longuement désertes et inhabitées, après avoir faict veoir en nostre Conseil privé nosd. lettres du XIX° Novembre dernier, l'arrest de nostre Court et les informations qui ont esté faictes par auctorité d'icelle. . ., avons. . -rellevé et rellevons lesd. Prevost des Marchans et Eschevins de plus amplement informer de l'absence desd, locataires, et en revoc-quant, cassant et adnullant les baulx à louaige desd, maisons, à eulx cy devant faictz par nostredicte Ville, ordonné et permis, per­mettons et ordonnons par ces presentes à iceulx Prevost des Marchans et Eschevins de pouvoir incontinant, appellé le Procureur de nous et de nostredicte Ville, procedder à nouveaulx baulx à louaige de toutes lesd, maisons qui se trouverront à present vuidés, fer­mées et catenassées sur led. Pont, sans entrer en congnoissance de cause et sans plus amplement informer de l'absence legitime ou forcée desd, loccataires, en quelque maniere et pour quelque occasion que ce soit, et ce pour tel temps et à telles personnes que bon leur semblera, et ainsi qu'ilz verront estre à faire pour le bien, utillité et commodité de nostredicte Ville. . . Donnéé Paris, le xxvm° Janvier l'an de grace mil v° lxviii.- (Arc/liues nat., KK 1012, fol. 287.)
En conséquence de ces lettres, la Ville fit réadjuger, dès le 7 février suivant, Ies baux de huit maisons du pont Notre-Dame, parmi lesquelles nous trouvons effectivement la maison des Trois-Couronnes, qui était la quatorzième sur le pont. Philippe Duquesnoy la prit moyennant un loyer annuel de six cents livres. Le nom du précédent locataire est resté en blanc, mais un passage de notre Registre (ci-dessous art. LV) nous apprend qu'il s'appelait Denis Barjot. Les autres maisons louées ce même jour étaient : 1° la 11°, enseigne la Cigogne, à Charles Péan, au lieu de Barthelemy Du Tillet, moyennant 5oo livres ; 2° la 1 g*, au Marteau d'or, à Jean Lenfant, au lieu de Nicolas Le Mercier, pour 725 livres; 3° la 32°, enseigne la Perle, à Pierre Le Roy, au lieu de Nicolas Dalencourt, moyennant 65o livres; 4° la 35', enseigne la Pomme d'or, à Mathurin Bigot, au lieu de Bertrand Couldray.